Gouvernance publique, problèmes politiques et sociaux contemporains

Gouvernance publique, problèmes politiques et sociaux contemporains
Licence Administration publiqueParcours Préparation aux concours administratifs (L3)

Description

Le cours de gouvernance publique s’articule en cinq modules complémentaires. Le premier porte sur la fonction publique : son histoire, ses principes, son adaptation aux réformes contemporaines, le passage d’un modèle de carrière (notamment le modèle français) à un modèle d’emploi (notamment anglo-saxon (USA, UK), et ses points de convergence avec le secteur privé (management, performance, contractualisation). Le deuxième et le troisième explorent les fondements philosophiques et juridiques des politiques liées aux transitions écologiques (principe de précaution, justice climatique) et à la bioéthique (lois successives, conventions internationales, encadrement de la recherche scientifique). Le quatrième module aborde les enjeux sociétaux du fait religieux : cadre juridique de la laïcité, gestion du pluralisme dans les institutions, politiques de prévention des dérives sectaires et rôle de la MIVILUDES. Enfin, le cinquième module est consacré à la méthodologie des concours administratifs : entraînements aux épreuves écrites et orales, attentes des jurys, posture professionnelle et développement d’une pensée claire, structurée et argumentée.

Compétences requises

  • Compétences en expression et argumentation

    • Savoir formuler une problématique claire et construire une argumentation structurée.
    • Être capable d’analyser un texte philosophique, juridique ou scientifique.
    • Être à l’aise à l’écrit comme à l’oral pour participer à des discussions éthiques ou juridiques.

    Compétences analytiques et critiques

    • Être capable de confronter différents points de vue et de repérer les enjeux sous-jacents d’un débat.
    • Comprendre les implications pratiques de concepts abstraits (ex. : dignité, autonomie, responsabilité…).
    • Savoir interroger les conséquences politiques, sociales ou économiques d’une réforme, transformation, innovation.

    Compétences méthodologiques

    • Lire, synthétiser et exploiter des documents pluridisciplinaires (textes juridiques, extraits philosophiques, articles scientifiques).
    • Savoir distinguer faits, opinions, valeurs, normes dans un raisonnement complexe.
    • Être en mesure de croiser les approches pour produire une analyse rigoureuse.

Compétences visées

Module 1 : (r)évolution de la fonction publique

·         Mobiliser des connaissances juridiques, sociologiques et historiques comprendre les évolutions du statut, les tensions entre administration et pouvoir politique, et les grands modèles organisationnels (fonction publique de carrière vs d’emploi, modèle d’alignement vs de mise en pouvoir, etc.) dans une logique comparative entre secteurs public et privé,

·         Adopter une posture de futur fonctionnaire : traiter les sujets comme un professionnel de l’action publique, avec conscience des enjeux d’éthique, d’égalité, d’intérêt général, et de performance au service du public.

Modules 2 et 3 : (r)évolution naturelle

·         Une compétence d’analyse historique, politique et philosophique des représentations de la nature dans la pensée occidentale (antique, religieuse, moderne, contemporaine).

·         Une compétence de compréhension critique des implications de ces représentations dans la construction du lien social et des politiques publiques, notamment environnementales.

·         Analyser les enjeux éthiques des avancées scientifiques et technologiques. Comprendre les dilemmes posés par la science contemporaine et réfléchir aux limites à poser au nom de la dignité humaine.

·         Connaître les cadres juridiques et philosophiques encadrant la science. Identifier les lois, principes et concepts éthiques qui régulent les pratiques scientifiques et biomédicales.

Module 4 « (r)évolution cultuelle »

·         Comprendre les dynamiques contemporaines du fait religieux — entre sécularisation, résurgence du sacré, phénomènes sectaires et recompositions spirituelles — afin de saisir les enjeux actuels autour de la religion dans l’espace public.

·         Analyser comment le fait religieux structure les sociétés humaines, en tant que force symbolique, sociale et politique, capable de fonder, d’unifier ou de fracturer le lien social — autrement dit, comprendre que "la religion fait société".

Module 5 « méthodologie » : appliquer des démarches analytiques diverses ; développer des arguments solides ; Prise de position raisonnée

Syllabus

Le premier module « (r)évolution de la fonction publique » illustre la fonction publique comme engagée dans une dynamique d’adaptation continue, selon la théorie de la Reine Rouge : elle évolue sans cesse pour maintenir sa place, sans rupture avec ses fondements. Cette logique d’adaptation se traduit par une professionnalisation accrue, une autonomisation relative face au pouvoir politique, et des réformes statutaires successives. La fonction publique oscille entre deux modèles idéaux-types : la carrière (fermée, protectrice) et l’emploi (ouvert, flexible), sans jamais s’y conformer pleinement. Comparée au secteur privé, qui repose sur le contrat, la négociation individuelle et la flexibilité, la fonction publique conserve des principes dérogatoires (statut, carrière, égalité), tout en intégrant progressivement des logiques proches du privé

Les deux modules intitulés « (r)évolution naturelle » interrogent dans un premier volet l’opposition entre nature et culture, concepts au cœur de nombreuses représentations collectives qui structurent les politiques publiques. Il explore quatre grandes hypothèses philosophiques sur le rapport de l’homme à la nature (de l’union à la séparation), fondant des choix sociétaux : préservation, domestication ou réification. Des politiques publiques majeures s’en inspirent, telles que la loi sur le principe de précaution, les lois bioéthiques ou encore les politiques environnementales. L’éthique, le droit, la technique et la science deviennent des instruments de régulation de ce rapport complexe. En filigrane, c’est la construction d’un modèle de société durable et humaniste qui est en jeu. Ils développent dans un second volet la relation complexe entre science et éthique, en insistant sur la nécessité d'encadrer le pouvoir croissant des technosciences par des principes moraux et juridiques. Ce volet montre comment l'éthique, initialement réflexion philosophique, s’est institutionnalisée à travers des lois bioéthiques nationales et internationales. La bioéthique, aujourd’hui confrontée à de nouveaux dilemmes (génome, IA, robotique), appelle une gouvernance démocratique. Enfin, ce cours dénonce les risques d’une science financiarisée, source de fractures géopolitiques et éthiques.

Le quatrième module « (r)évolution cultuelle » montre que la religion, omniprésente dans l’histoire humaine, a structuré les sociétés dès leur genèse, souvent à partir d’un acte de violence fondatrice (Freud, Girard), en instaurant des normes et une cohésion sociale (Durkheim, Schmitt). Malgré la sécularisation, elle persiste sous forme de religiosité diffuse ou de néo-spiritualités. La montée des sectes, des intégrismes et les tensions autour de la laïcité interrogent les démocraties. La laïcité française, en constante redéfinition, doit préserver un espace public pluraliste dans un monde globalisé et pluriconfessionnel.

Le cinquième module « méthodologie » permet de disposer d’une méthodologie complète de dissertation de culture générale, fondée sur l’analyse rigoureuse du sujet, l’identification de problématiques pertinentes et l’élaboration d’un plan structuré et argumenté.

Bibliographie

(R)évolution cultuelle

Jean BaubérotLa laïcité à l’épreuve, Henri BergsonLes deux sources de la morale et de la religion, Régis DebrayDieu, un itinéraire ; Le feu sacré, Émile DurkheimLes formes élémentaires de la vie religieuse, Ludwig FeuerbachL'Essence du Christianisme, Sigmund FreudL’avenir d’une illusion ; Moïse et le Monothéisme ; Totem et tabou, Marcel GauchetLe désenchantement du monde ; La religion dans la démocratie, André GlucksmannLa troisième mort de Dieu, Gilles KepelFitna, guerre au cœur de l’Islam, Gilles LipovetskyL’ère du Vide, Friedrich NietzscheL’Antéchrist ; Le Gai Savoir, Odon ValletPetit lexique des idées fausses sur les religions, Max WeberL'éthique protestante et l'esprit du capitalisme

(R)évolution naturelle

Philosophie antique et classique : Platon, Théétète, Aristote, Physique, La Métaphysique, Éthique à Nicomaque, Cicéron, De Officiis, Sénèque, Lettres à Lucilius, Plutarque, Œuvres morales.

Philosophie moderne : Descartes, Discours de la méthode, Méditations métaphysiques, Pascal, Pensées, Jean-Jacques Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité, Du contrat social, Émile, Thomas Hobbes, Leviathan, John Locke, Deuxième traité du gouvernement civil.

Philosophie et littérature contemporaines : Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir, Ainsi parlait Zarathoustra, Clément Rosset, L'Anti-nature, La philosophie tragique, Jean-Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme, L'Être et le Néant, Questions de méthode, Hans Jonas, Le Principe responsabilité, Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, Martin Heidegger, La question de la technique, Dominique Lecourt, Le principe de précaution ou la peur du progrès, Éric Weil, Introduction à la philosophie, Ulrich Beck, La société du risque, Jean Bricmont / Régis Debray, À l’ombre des Lumières, Jean-Pierre Changeux, La nature et la règle, Jürgen Habermas, La technique et la science comme idéologie, L’avenir de la nature humaine. Vers un eugénisme libéral ? Martin Heidegger, La question de la technique, Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes, Hans Jonas, Le principe responsabilité. Une éthique pour la civilisation technologique, Axel Kahn : Société et révolution biologique : pour une éthique de la responsabilité, Copie conforme : le clonage en question, Emmanuel Kant, Esquisse d’une histoire universelle au point de vue cosmopolitique, Dominique Lecourt, Contre la peur, Jacques Monod, Le hasard et la nécessité, Jeremy Rifkin, Le siècle Biotech, Peter Sloterdijk, Règles pour le parc humain, Baruch Spinoza, L’Éthique, Georges Steiner, Dans le château de Barbe-Bleu , Herbert George Wells, L’Île du docteur Moreau.

Sciences et cosmologie :  Brandon Carter, sur le principe anthropique (1973), Robert Dicke, travaux sur les constantes cosmologiques, Barrow & Tipler, The Anthropic Cosmological Principle (1986).

Anthropologie et sociologie : claude Lévi-Strauss, La pensée sauvage, Tristes tropiques, Mircéa Eliade, Le sacré et le profane, Karl Marx, Manuscrits de 1844, Le Capital, Raymond Aron, Les étapes de la pensée sociologique.

Autres références et culture populaire : Roland Barthes, Mythologies, Sigmund Freud, Le malaise dans la culture, José Rodrigues dos Santos, La formule de Dieu (roman), Film : Les dieux sont tombés sur la tête (Jamie Uys, 1980).

(R)évolution de la fonction publique

Leigh Van Valen, A New Evolutionary Law (1973), pour la Théorie de la Reine Rouge, Lewis Carroll, De l’autre côté du miroir (1871), Yves Thomas, Histoire de l’administration, collection « Repères », La Découverte, 1995,

Rapports et figures politiques mentionnés : rapport Silicani (2008) sur la modernisation de la fonction publique, Rapport Pêcheur (2013) : L’avenir de la fonction publique : vers une gestion rénovée des ressources humaines, Michel Debré (création de l’ENA en 1945, après échec du projet de Jean Zay), Jean Zay, Jules Ferry, Émile Boutmy, Hippolyte Carnot : tentatives ou réussites de création d’écoles d’administration, Renaud Denoix de Saint Marc à propos de la suppression du classement de sortie de l’ENA.

Références légales et réglementaires : Loi du 13 juillet 1983 (droits et obligations des fonctionnaires), Loi du 11 janvier 1984 (fonction publique d’État), Loi du 26 janvier 1984 (fonction publique territoriale), Loi du 9 janvier 1986 (fonction publique hospitalière), Loi n° 2019-828 du 6 août 2019 (transformation de la fonction publique), Décrets n° 2022-352, 2022-1226, etc. (réformes de l’encadrement supérieur et de la gestion des CDG)

Méthodologie : réussir la dissertation de culture générale, de Pierre-Henri Tavoillot (PUF) ; culture générale, méthode et sujets corrigés, (Nathan concours), les grands thèmes de culture générale, de Bruno Bévort et Vincent Espinasse (Vuibert) ; réussir les concours administratifs, de Danièle Kaisergruber et Dominique Perez (Dunod).